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Le Monde de Véro
4 mai 2007

We feed the world - Le marché de la faim

Révoltée. Je l'étais quand je suis sortie de la salle où j'ai été voir le documentaire d'Erwin Wagenhofer, We feed the world.

Petit panorama.


Connaissez-vous encore le vrai goût du poisson ? Le vrai goût des fruits et légumes naturels ?

Mêmes si vous achetez des produits non transformés plutôt que des plats préparés, ce n'est pas si sûr. Je ne connais pas le goût des poissons mais je fais confiance aux experts. Quant aux fruits et légumes, une fois que vous connaissez l'équation goût = semence naturelle = aspect irrégulier, par opposition à produit beau et lisse qui rime avec insipide et semences hybrides non re-semables, pour moi, il n'y a pas photo entre les produits aseptisés des supermarchés et les étals terreux des producteurs locaux.


Le transport des tomates hors-sol espagnoles ne coûte qu'1% de leur prix de vente

Voilà pourquoi ces tomates, qui poussent dans de la laine de verre dans d'immenses serres défigurant le paysage de la province d'Almeria, parcourent des milliers de kilomètres à travers l'Europe. Aujourd'hui, 90% des tomates poussent hors sol en serre. Avec la facture en CO2 qui en résulte (chauffage + transport).

Et si on arrêtait de manger des tomates (sans goût) l'hiver ?


Les poules européennes dévorent la forêt amazonienne

Celle-ci est vendue à 1 cent le mètre carré, rasée pour planter du soja qui est exporté dans les pays développés où il sert à l'alimentation du cheptel. Pendant ce temps, au Mato Grosso (Brésil), les cultivateurs de soja meurent de faim. Et en Europe, on utilise des champs entiers de maïs et de blé comme… combustible.


Chaque poulet élevé en batterie rapporte de 0 à 20 cents à l'usine qui le produit.

Combien payez-vous un poulet ? La dizaine d'euros de différence correspond à toutes les étapes de travail à la chaîne par lesquelles passent ces pauvres poulets. C'est une séquence assez éloquente du film, qui rappelle également Les Temps Modernes. Après visionnage (je m'abstiens de tout décrire), ne seriez-vous pas prêts à payer le même prix, ou un peu plus, directement à un producteur traditionnel ?


Le rapport entre le poulet (ou les tomates) et les migrants africains ?

Les surplus de l'agriculture européenne sont exportés sur le marché africain où, grâce aux subventions de la PAC, ils se vendent à bas prix (à Dakar, on trouve des fruits et des légumes européens vendus au tiers du prix des produits locaux). Quand vous achetez des blancs de poulet, pensez-vous à ce qu'est devenu le reste des morceaux ? Certes, à côté des barquettes de blancs de poulet, d'autres barquettes contenant des pilons et des ailes ; mais en moins grand nombre. Le reste ? Peut-être à Dakar, ou ailleurs en Afrique. Que font les producteurs locaux qui ne gagnent plus assez face à cette concurrence ? Certains émigrent au péril de leur vie, et se retrouvent parmi les travailleurs des plantations de tomates d'Almeria, qui vivent dans de véritables bidonvilles. La boucle est bouclée.


Je suis une extrémiste et fière de l'être

Dernière séquence, zoom sur Peter Brabeck-Letmathe, PDG de Nestlé, la première entreprise mondiale de l'agroalimentaire. La question de l'eau ? Deux points de vue s'opposent. D'un côté, il y a la position extrême de gens qui, en quelque sorte, considèrent l'accès à l'eau comme un droit. De l'autre, les gens comme M. Brabeck-Letmathe, qui ne voient pas en quoi l'eau serait une denrée alimentaire différente des autres. Nestlé est le premier producteur d'eau en bouteille au monde. Ceci explique cela.

J'étais consciente de certains aspects - vous aussi sans doute - mais j'ai aussi appris pas mal de choses. Et pris conscience que tout est plus ou moins imbriqué.

we_feed_the_world


We feed the world - Le marché de la faim
, documentaire autrichien d'Erwin Wagenhofer, sorti le 25 avril en France, à voir d'urgence au cinéma (d'urgence car 1) il décrit des urgences 2) il ne restera peut-être pas très longtemps à l'affiche).

Des projections-débats sont organisées, renseignez-vous sur le site du film.

Petit (r)appel aux "extrémistes" comme moi : une pétition sur l'accès à l'eau est à signer en ce moment. J'en parle .

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Commentaires
O
Merci pour tes réponses<br /> Je vais donc faire mes premiers achats "équitables" et mes premières lettres aussi.<br /> Tiens moi au courant de tes recherches sur la facture CO2 du commerce non-équitable vs équitable<br /> Merci encore<br /> Olivier
V
Je vais essayer de répondre aux questions posées...<br /> <br /> "que fait vous en dehors de faire du marketing pour vous assurer que par exemple les grands producteurs de café (on les connaît) obéissent à des règles plus favorables commercialement pour le cultivateur local (le levier serait ici sans rapport) ?"<br /> <br /> Les labels du commerce équitable, c'est plus que du marketing. Comme pour d'autres labels, il y a des contrôles sur toute la chaîne.<br /> En ce qui concerne les grands producteurs de café, ce n'est pas en continuant à acheter leurs produits sans broncher qu'on va leur faire changer de politique envers leurs salariés. Pour faire pression sur eux, je vois deux solutions :<br /> 1) se tourner vers le café équitable et boycotter le non équitable ; <br /> 2)leur écrire pour leur demander des détails sur leur politique sociale, faire du lobbying pour que ça change (sur le modèle des actions d'Amnesty International).<br /> J'avoue que je ne me suis pas encore lancée dans la 2e proposition.<br /> <br /> <br /> "Que faites-vous pour vous assurer que le marin philippin transportant à grand renfort de fuel lourd payé au lance pierre et vivant lui aussi dans de très difficiles conditions soit lui aussi équitablement rémunéré ?"<br /> <br /> Eh bien avec le commerce équitable il l'est ! <br /> Citation issue du site de Max Havelaar :<br /> "Tous les maillons de la filière équitable - organisations de producteurs du Sud, importateurs, industriels - sont agréés et contrôlés. Concrètement, cela signifie qu'ils se sont engagés contractuellement à respecter les standards internationaux du commerce équitable."<br /> <br /> <br /> "Entre un emballage pas très écolo/bio/renouvelable et une multitude de chemin logistique d'appro de faible volume la balance sur la facture CO2 est sans rapport donc de mon coté mon café désolé, je continue pour le moment à me le procurer chez les gros (français de préférence d’autant que j’ai une de ces cafetières à dosettes)."<br /> <br /> Si les cafetières à dosettes sont bien ce que je pense, ce n'est pas non plus très écolo comme solution : vive la multiplication des emballages (non recyclables?). A ce compte, je préfère de loin mon paquet de café équitable et ma cafetière à presse. Non, l'emballage du café n'est pas écolo, mais il ne l'est pas moins que celui des cafés d'autres marques. Quant à la logistique, j'avoue que je ne suis pas très renseignée mais je vois mal en quoi cela poserait un problème. J'imagine que les produits du commerce équitable sont transportés ensemble ou avec d'autres produits, pour limiter les coûts.<br /> <br /> <br /> Enfin, je pense que le commerce équitable, en assurant un revenu décent aux producteurs (de toute la chaine, des agriculteurs aux transporteurs, pour le label Max Havelaar), contribue non seulement à l'élévation de leur niveau de vie mais aussi à l'élévation d'autres indicateurs de développement comme l'éducation. En effet, l'effet de serre et les changements climatiques sont des problématiques globales et le développement des "pays du Sud" est selon moi essentiel pour leur permettre l'accès à des technologies propres. Cela passe par l'augmentation du PIB, mais aussi par l'accès à l'éducation et à l'information des populations. <br /> <br /> D'autres raisons environnementales en faveur du commerce équitable : <br /> · de plus en plus de produits sont bio. <br /> · Cela favorise donc le développement de l'agriculture biologique dans ces pays.<br /> <br /> Voilà pourquoi (entre autres) je suis pour les produits issus du commerce équitable (enfin, ceux mentionnés plus haut). Je respecte ton choix et te remercie de m'avoir fait réfléchir sur l'aspect environnemental du commerce équitable mais j'espère t'avoir donné quelques pistes.
O
1/ qq corrections :<br /> Pas très habitué au blog le premier message frappé au km fut posté sans relecture... Donc voici la version corrigée.<br /> "Je suis contre un ensemble de fausses valeurs ou de valeurs contradictoires. Il faut être cohérent et surtout faire des choix. Aujourd'hui en terme de dev durable la priorité c'est le climat me semble t il. Aussi, le commerce équitable c'est surtout une histoire de commerce pour le moment avant d'être équitable. Et c'est surtout un nouveau marché qui se crée (là pas de position de valeur je suis pour le marché et les emplois que celui-ci crée. On a pas trouvé mieux pour le moment quand il est réglementé et il l’est pour la plus grande part on peut toujours faire mieux bien sûr) . Si je regarde les commentaires sur le commerce des tomates espagnoles et les conséquences sur la facture CO2 ton commentaire est donc plus que jamais d'actualité et surtout plus qu’applicable sur le café d'Amérique du sud car équitable ou pas la facture CO2 est énorme quand les distances sont énormes. Que l’on plante des arbres pour compenser reste une gageure , c’est toujours mieux que rien.<br /> <br /> 1ère Conclusion : promouvoir le commerce équitable c'est aujourd’hui promouvoir les énergies fossiles (il en faut bien sûr soyons réaliste là aussi , mais…) et promouvoir donc l'augmentation de la facture CO2. Est-ce ce que tu souhaites ? Pas moi. Je suis donc contre ce commerce équitable (c'est un choix) mais pour, acheter au juste prix ( celui du marché) les produits de ma région c'est ce que je fais chez moi et j'ai diminué ma consommation de produits extra régionaux (c'est un choix aussi). Mais je suis cohérent et donc finalement heureux. J'habite les Landes c'est vrai ici c'est plus facile d'autant que je possède un tout petit potager planté avec mes enfants. Je ne suis surtout pas un anti libéral ou un écolo forcené mais je suis plus un lecteur (raisonné si c'est possible) de www.manicore.org par exemple ou des rapports du CES"<br /> <br /> 2/ réponse à Véro suite à mon premier message ci dessus :<br /> Si donc le commerce équitable n'est équitable que sur les denrées de premières nécessité issues de l'agriculture et ne venant que des pays où la culture est possible (café, sucre, cacao, épices, riz, coton essentiellement) il serait bon d'en faire une norme et de regarder s’il n’y a pas sur d’autres produits les même pbs mais plus important (les matières premières par exemple comme le fer). Car ce commerce est de mon point de vu essentiellement porteur « d'image » que d’étique, par contre rien ne semble clair en dehors des logo... Le café reste c’est vrai la première denrée échangée sur les places de marché alimentaire. Je pause ma question en plusieurs questions : que fait vous en dehors de faire du marketing pour vous assurer que par exemple les grands producteurs de café (on les connaît) obéissent à des règles plus favorables commercialement pour le cultivateur local (le levier serait ici sans rapport) ? Que faites-vous pour vous assurer que le marin philippin transportant à grand renfort de fuel lourd payé au lance pierre et vivant lui aussi dans de très difficiles conditions soit lui aussi équitablement rémunéré ? Que faites-vous pour limiter la facture CO2 du transport de ces denrées ? Par exemple avez-vous le poids suffisant pour grouper les imports comme le fait un grand industriel du café ? Entre un emballage pas très écolo/bio/renouvelable et une multitude de chemin logistique d'appro de faible volume la balance sur la facture CO2 est sans rapport donc de mon coté mon café désolé, je continue pour le moment à me le procurer chez les gros (français de préférence d’autant que j’ai une de ces cafetières à dosettes). Sauf si tu réponds concrètement à mes questions. Pour le sucre je le prends si possible de betteraves, pour les épices le sel chez moi vient de l'ile Madame en Charente (2hr30 de chez moi quand je monte visiter la bel famille) le piment vient d'Espelette (30minutes de chez moi) la moutarde de Dijon (je vérifie), la mayonnaise (faite maison avec un peu de mon estragon). Voilà il m’arrive bien sûr d’acheter des choses d’origine inconnue très souvent.<br /> <br /> 2nd conclusion : je préfèrerais voir un rapport du CES (conseil Eco et Social) présentant un projet de loi permettant soit au travers de l'ISO/FN/EN soit par d'autres moyens normatifs ou législatifs, accompagner les grands du café (français) dans une voie de l’équitable sur toute la chaîne et surtout en privilégiant les producteurs les plus proches de chez nous (facture CO2 plus faible). Que des stands, des salons dans toute la France (surtout dans les grandes villes où la mode prend vite et le paysans toujours trop loin) transporté en plus par de multiples et vielles voitures polluantes. C'est une question d'ordre de grandeur sur le résultat et donc une question de choix de vie et de société.<br /> Olivier
V
Olivier, je suis en partie d'accord avec toi mais ton commentaire me fait réagir. Moi aussi j'achète local pour tous les produits frais. Je suis abonnée à un système de paniers hebdomadaires en directs de producteurs de la région qui favorise une agriculture paysanne, durable à la fois sur le plan social et environnemental. Par contre, je n'ai pas encore réussi à me passer de café, de thé ou de chocolat, produits dont les matières premières ne poussent pas dans nos contrées. Et ces produits, je les achète équitables (et bio) selon mes convictions. Ce ne sont pas des produits frais (ils ne nécessitent donc pas de transport réfrigéré et prennent mois de place) et on n'en consomme pas non plus des kilos chaque mois (contrairement aux produits frais). la facture énergétique est donc moins élevée. <br /> Et puis ce que j'entends par commerce équitable n'est pas seulement un label mais recouvre des principes plus vastes comme le refus du "dumping".<br /> En résumé, je ne suis absolument pas pour remplacer les produits locaux par des produits exotiques pour la seule raison que c'est équitable, mais j'achète équitable, en petites quantités, des produits secs qui ne sont pas produits chez nous. <br /> Il faudra que je fasse un post sur l'antagonisme "bio/local vs équitable", qui est un faux problème à mon avis.
O
LE suis contre un ensemble de fausse valeurs ou de valuers contradictoires. Il faut être cohérent et faire des choix. Le commerce équitable c'est surtout une histoire de commerce. Et c'est un nouveau marché qui se cré et donc si je regarde les commentaires sur les tomate espagnoles et leur conséquance sur la facture CO2 ton commentaire est donc plus que jamais d'actualité sur le café d'amérique du sud équitable ou pas la facture CO2 est énorme.<br /> Conclusion : promouvior le commerce équitable c'est promouvoir les énergie fossile et l'augmentation de la facture CO2. J'ai compris que c'est ce que tu veux. Pas mois. Je suis donc cotre ce commerce équitable mais pour acheter au juste prix les produits de ma région c'est ce que je fais chez moi et j'ai diminué ma consomation de produit extra régionnaux. C'est choix. Mais je suis cohérent et donc heureux.
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