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Le Monde de Véro
21 avril 2006

Never let me go, de Kazuo Ishiguro

C'est le livre que je viens de finir... Breathtaking ! ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi vite, et j'ai éclaté en sanglots en le refermant ! (il était tard, la fatigue a peut-être aussi joué...). Je ne vous résumerai pas l'histoire, parce que je ne sais pas raconter les histoires, et que ça vous gâcherait le plaisir de la lecture, puisque la compréhension vient au fil de celle-ci... Mais je vais essayer de dire ce qui m'a plu (pas facile !)

never_let_me_go1
Crédits: Faber and Faber

J'avais déjà lu When we were orphans (Quand nous étions orphelins), du même auteur. Dans les deux romans, le thème de l'enfance (de la nostalgie de l'enfance) est très présent. En fait, à chaque fois, le personnage principal, adulte, fouille dans ses souvenirs d'enfance, en essayant de résoudre des points obscurs... Il va à la rencontre de lieux et de personnes lui rappelant son passé. Et des mystères se démêlent tout au long du livre, pour l'auteur, et quelque fois aussi pour le héros. Ces adultes, qui ont par ailleurs tout à fait réussi dans ce qu'ils font, ne parviennent pas à "couper le cordon" avec une enfance, idéalisée... Dans Quand nous étions orphelins, le narrateur et personnage principal, qui est devenu un détective de renom, décide de résoudre le mystère de la disparition de ses parents... et établit des hypothèses abracadabrantes fondées sur des preuves assez maigres. Dans Never let me go, la narratrice essaie de combler les non-dits qui entourent son enfance et celle de ses camarades, et teste les rumeurs entendues et les hypothèses établies à l'époque... qui ne résistent pas à l'épreuve.

Dans la même veine, j'aime bien Modiano (enfin, les quelques livres que j'ai lu de lui : Les Boulevards de ceinture, et surtout La Petite Bijou - par contre, je n'ai pas trop aimé Un Pedigree). Ses personnages aussi sont à la recherche d'une identité à travers leur quête du passé... "entre le souvenir déchirant et la tentation de l'amnésie bienfaisante". (pas de moi - faut pas rêver - mais j'ai pas réussi à trouver qui a dit ça de lui...)

J'imagine que, chez ces deux auteurs, l'inspiration est plus ou moins autobiographique. (Ce serait intéressant de les psychanalyser, eux ou leurs bouquins !) Patrick Modiano est le fils d'un homme d'affaires italien et d'une actrice belge. Ses parents, souvent absents, fréquentent des univers assez louches (qu'on retrouve dans les romans de Modiano). Les mystères qui entourent ses parents, ses origines, sont ceux que connaissent aussi les personnages de ses livres.
Kazuo Ishiguro, comme son nom l'indique, est d'origine japonaise, mais ses parents s'installent en Angleterre alors qu'il n'a que 6 ans. Ses parents l'éduquent dans la perspective d'un retour au Japon, mais celui-ci ne se produira pas. Ishiguro grandit donc avec une double culture, et des souvenirs plus ou moins vivaces de son pays d'origine.

  ishiguro               modiano1
       Kazuo Ishiguro                                                  Patrick Modiano

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