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Le Monde de Véro
13 mars 2008

L'assiette sale, des OMI aux AMAP

Je suis encore dans mes comptes-rendus du salon Primevère. Pour changer des conférences, voici les notes que j'ai prises au cours du film L'assiette sale, que je vous encourage à voir si vous en avez l'occasion !

Chaque année, les Bouches-du-Rhône accueillent 5000 ouvriers agricoles étrangers saisonniers, les "OMI" (pour Office des Migrations Internationales). En pleine saison, ils représentent 25% de la main d'oeuvre agricole ; sans eux, l'agriculture de ce département n'existerait pas. Ils sont logés dans des conditions effroyables (logements insalubres à même la terre avec cloisons en carton, sanitaires vétustes et souillés, eau non potable... - payants !). Ils travaillent en contact avec des produits phytosanitaires dangereux, qui provoquent nausées, céphalées, et dont les conséquences à long terme sont inquiétantes (cancers, Parkinson...). Ainsi, certaines substances reconnues comme cancérigènes ou toxiques pour la reproduction par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) sont couramment utilisés dans l'agriculture en France. Malgré celà, ayant passé x années en France, ils n'ont souvent pas droit à une couverture santé satisfaisante de retour dans leur pays.

De 1950 à 1990, l'agriculture industrielle, celle-la même qui exploite les "OMI", a multiplié par 40 les quantités de pesticides, pour des pertes identiques (d'après Jean-Pierre Berlan, chercheur à l'INRA). Les pesticides, hormones, engrais abondamment utilisés se retrouvent dans notre alimentation, dans les nappes phréatiques, dans le bois (des arbres fruitiers par exemple), dans l'atmosphère puis dans les pluies quand ce bois est brûlé...

Du côté du consommateur, ce n'est guerre mieux. Outre la quantité de pesticides ingérés, c'est aussi le prix des produits qui a augmenté lors du dernier demi-siècle (et encore très récemment...). Le 1er Leclerc ouvre en 1949 en France, sur une surface de 50 m². A l'époque, entre le producteur et le distributeur, on compte 10 à 12 intermédiaires, nous rappelle Christian Jacquiau, auteur de "Les coulisses de la grande distribution". Le rapport du prix d'achat par le consommateur sur le prix de vente du producteur est de 1:4. Aujourd'hui, un seul intermédiaire subsiste, la centrale d'achat. Le rapport de prix aurait dû diminuer ? Que nenni, il est passé à 1:5 voire 1:6 (et récemment, on a eu des exemples à 1:8 avec des salades achetées à 15-20 centimes pièce aux producteurs et revendues à 1,50 euros par les acteurs de la grande distribution). Pour rester compétitifs, les producteurs vendent en-dessous du prix de revient... ou mettent la clé sous la porte. La France perd ainsi 30000 agriculteurs chaque année, soit 1 couple toutes les 20 minutes !

Cette agriculture que l'on soutient en fréquentant les supermarchés, est donc une catastrophe écologique, humaine, sociale.
En fait, le client des enseignes de la grande distribution paye trois fois le produit qu'il achète :
- le prix affiché ;
- les subventions compensatoires accordées aux agriculteurs par la PAC (politique agricole commune européenne) à partir de l'argent public ;
- les compensations aux dégâts sociaux engendrés (par exemple la prise en charge par l'assurance maladie des troubles de santé engendrés par la pollution agricole). Un exemple peut-être anecdotique mais frappant : lorsque l'insalubrité des logements mis à disposition des ouvriers saisonniers étrangers est constatée, si l'exploitant agricole refuse de mettre aux normes, les "OMI" sont relogés (dans des foyers...) aux frais de l'Etat.

Malgré tout, il existe des solutions... L'agriculture biologique, les "circuits courts" ou le consommateur achète directement au producteur (marchés, paniers bios, AMAP...) - autant de solutions respectueuse de l'environnement, mais aussi de l'humain (producteurs, des consommateurs, lien social).
Mais je laisse ouvert ce volet jusqu'au prochain numéro !

assiette_sale_def

L'assiette sale, documentaire réalisé par Denys Piningre (2006, 80 mn) http://www.galopinfilms.com/spip.php?article65

La page agenda du site n'est pas à jour actuellement, mais pour les Grenoblois, j'ai trouvé une projection-débat en présence du réalisateur, dans le cadre du Festival Ethno et Ciné, autour de la thématique "Monde du travail", le 25 mars 2008 à 18h, Bibliothèque Kateb Yacine (Centre commercial Grand'Place). Plus d'info sur le site de la BM.

Les autre films projetés à Primevère 2008 :

  • Alerte à Babylone. Jean Druon. Voir et Agir.
  • Le beurre et l'argent du beurre. Philippe Baqué et Alidou Badini. Sur le commerce "équitable" du beurre de karité.
  • Braves gens n'ayez plus peur. Collectif Panic! Sur l'obsession sécuritaire. Film téléchargeable sur le site du collectif.
  • Bure : tous n'ont pas dit oui. Réseau sortir du nucléaire.
  • La double face de la monnaie, Le pourquoi des monnaies alternatives dans un monde où l’argent est roi.  Vincent G, Jérôme Polidor, La Mare aux Canards
  • Notre pain quotidien. Nikolaus Geyrhalter, KMBO Films
  • Le silence de nanos.
  • Volem rien foutre al païs. Pierre Carles, Christophe Coello, Stéphane Goxe. Site officiel du film. Je l'ai vu à Primevère. Un film sur le travail, sa valeur, son refus. Travailler : pourquoi / pour quoi ? Film intéressant, absolument pas dogmatique contrairement à ce que je redoutais ; il pose des questions, invite à la réflexion.
  • We feed the world - Le marché de la faim. Erwin Wagenhofer. Site officiel du film. J'en avais parlé sur ce blog.
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